Marc Machin

L’affaire Marc Machin remonte à l’année 2001, suite à la découverte du corps sans vie de Marie-Agnès Bedot, poignardée à trois reprises. La police retient alors Marc Machin comme auteur de ce crime.

Marc Machin en 2008
Marc Machin en 2008

Marie-Agnès Bedot fut assassinée le 1er décembre 2001. Elle était employée comme assistante de direction. Le jour du crime, elle était sur le chemin du pont de Neuilly pour se rendre à sa salle de gym. Douze jours après le meurtre, la police interpella Marc Machin suite au témoignage d’une infirmière qui était passée sur le pont de Neuilly quelques temps avant le crime.

L’infirmière assura aux enquêteurs qu’elle avait rencontré le soir du meurtre un jeune homme qui n’était autre que Marc Machin. De son coté, ce dernier affirma être à Colombes avec deux amis mais les deux amis en question n’avaient pas la même version.

Au bout de la cinquième audition, Marc Machin passa aux aveux et reconnu s’être réveillé au pont de Neuilly avec un couteau à la main et du sang à ses pieds. Cependant, devant le juge d’instruction, il se rétracta et clama son innocence. Marc Machin expliqua alors avoir avoué pour être tranquille, loin des accusations et des pressions de la part des enquêteurs. Il avait 19 ans, était timide, sensible, et ne se rendait pas compte des conséquences que ses aveux allait engendrer.

  • En 2004, Marc Machin fut condamné à 18 ans de réclusion criminelle.

Livre

Titre et auteur

Une erreur judiciaire presque parfaite Une erreur judiciaire presque parfaite : Meurtre du pont de Neuilly
Valérie Mahaut – 2012

Il fut détenu à Nanterre, dans le même bâtiment qu’un certain David Sagno durant neuf mois. David Sagno, est issue d’une famille de neuf enfants. Son père était presque toujours absent du foyer. Il vécu une enfance pénible et une adolescence d’errance. Il avait déjà été déclaré coupable de dégradation de véhicules, de vols et d’une agression sexuelle. Après avoir exécuté ses peines, David Sagno fut ainsi libéré et devint sans domicile fixe.

Pont de Neuilly
Pont de Neully – Photo par Moonik

En 2008, David Sagno se livra lui-même au commissariat de la Défense et avoua être l’auteur du meurtre de Marie-Agnès Bedot. Devant les policiers, il déballa tous les faits et les détails des crimes qu’il avait commis. Il donna avec pertinence tous les renseignements que la police voulait savoir. Des analyses montrèrent que des traces d’ADN de David Sagno se trouvaient sous les ongles de la victime, alors qu’aucune trace de l’ADN de Marc Machin n’était présente.

David Sagno, âgé de 37 ans, fut condamné par la Cour d’assises des Hauts-de-Seine pour le viol et l’assassinat de Marie-Agnès Bedot. Suite à la culpabilité de David Sagno, Marc Machin retrouva la liberté en octobre 2008.

Se posèrent alors des questions sur l’enquête qui avait mené à l’inculpation de Marc Machin. L’infirmière qui avait témoigné contre Marc Machin avait affirmé, photo à l’appui, l’exactitude de l’identité de l’homme qui l’avait abordée. Pourtant un détail n’avait jamais été clarifié par les enquêteurs. L’infirmière décrivait un homme de 25 ou 30 ans, alors que Marc n’avait que 19 ans à l’époque. Le commissaire de Police reconnu plus tard que ce témoignage avait été le fondement de leur enquête.

  • En 2010, la Cour de révision annula la condamnation de Marc Machin pour homicide et formula une demande d’un jugement en cours d’assise.

Au procès de David Sagno, Marc Machin fut cité à comparaître devant la barre, à titre de témoin. Il était si soulagé de voir le vrai tueur se prononcer. David Sagno avoua ignorer pendant tout ce temps là qu’un autre homme était en train de purger une peine d’emprisonnement pour le crime qu’il avait commis.

Livre

Titre et auteur

seul contre tous Seul contre tous
Marc Machin – 2009

Marc Machin retrouva sa pleine liberté en 2008 mais ses déboires avec la justice ne s’arrêtèrent pas là. Placé en détention provisoire en 2009 pour une autre affaire, un cas d’agression sexuelle, il devait purger trois ans d’emprisonnement en 2010. Il a bénéficié d’une libération conditionnelle mais fut de nouveau incarcéré en 2012 pour non respect de son suivi socio-judiciaire.

Le 20 décembre 2012, la cours prononça enfin son acquittement dans le cadre du meurtre de Marie-Agnès Bedot.

Une réflexion sur « Marc Machin »

  1. Marc Machin est innocent, mais ça reste quand même très étrange : « j’ai eu un blackout parce que j’étais défoncé, quelques heures après je reprends mes esprits, je suis devant le corps d’une femme, avec mon (petit) couteau à la main, et je saigne un peu à la même main ».
    C’est ce récit qu’il a « avoué » lors de sa première garde à vue. Ça arrive assez souvent que des gens aient des black-out, et alors qu’un crime est commis ils ne soient pas « complètement sûrs de ne pas être lié au crime ». Mais la probabilité que leur black-out se termine alors qu’ils se trouvent juste devant le corps de la victime, un couteau à la main, et en saignant de cette même main…
    Cette probabilité est approximativement nulle. Et on peut alors largement comprendre pourquoi les policiers et les juges et les jurés étaient convaincus de sa culpabilité. Personnellement j’ai du mal à croire à ce hasard de circonstance tellement « énorme ». Pour moi c’est digne du scénario imaginé par un schizophrène assistant à un crime, et dont les hallucinations l’amènent à ré-interpréter ses souvenirs d’une façon délirante, donnant un récit statistiquement peu plausible voire impossible, mais qui reste lié à une scène réelle. Après est-ce qu’une drogue peut recréer les mêmes symptômes ? Très probablement oui chez certaines personnes, il y a toute sortes d’hallucinogènes.
    Et lorsque Marc Machin dit avoir bu et fumer ce soir là, on peut imaginer qu’il a oublié qu’au cours de la soirée il ait rencontré quelqu’un avec qui il aurait partagé telle ou telle drogue (la personnalité du vrai coupable de ce crime colle d’ailleurs assez bien avec ce scénario). En tout cas cette affaire met beaucoup moins en cause les policiers que la majorité des affaires criminelles où de faux aveux ont été extorqués à un innocent lors d’une garde à vue ou d’une audition exagérément oppressante.

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