Loïc Sécher

Loïc Sécher a été poursuivi pour viol sur Émilie, une mineure âgée de 14 ans. Il fut condamné à seize ans d’emprisonnement avant d’être innocenté.

Loïc Sécher résidait, à l’époque des faits, à Ingrandes, un village du nord ouest de la France, tout comme Émilie, une collégienne de 14 ans. Un jour, les enseignants du collège remarquèrent le changement de comportement de la jeune fille. Elle était devenue triste, semblait apeurée et faisait des malaises en classe.

  • Les enseignants interrogèrent Émilie et cette dernière avoua alors avoir été abusée sexuellement.

Le nom du présumé auteur de ces abus sexuels n’a pas été prononcé par Émilie. Cependant les enseignants, les parents ainsi que les voisins supposèrent qu’il s’agissait de Loïc Sécher. Émilie ne fit qu’acquiescer sans exprimer sa version des faits.

Loïc Sécher fut inculpé et se retrouva au tribunal, tout en étant serein et déclarant attendre de la justice son acquittement. Mais il fut condamné en 2003 pour viol. L’année d’après, en 2004, la Cour d’appel de Rennes confirma la première sentence et condamna Loïc Sécher à 16 ans de réclusion criminelle.

Pourtant, toute l’accusation reposait sur les dires d’Émilie. Aucune analyse ADN, ni aucune confrontation entre la victime et son agresseur n’avaient eu lieu.

  • 8 ans après les faits, Émilie envoya une lettre au procureur pour se rétracter

Dans cette lettre, Émile affirmait que finalement Loïc Sécher ne lui avait rien fait.

En 2010, la Cour de révision annula la condamnation de Loïc Sécher et ordonna sa libération mais sous contrôle de la justice en attendant un nouveau procès. La Cour tint compte de l’existence de faits nouveaux qui mettait en doute la culpabilité du condamné : la rétractation d’Émilie.

Livre

Titre et auteur

le calvaire et le pardon Le calvaire et le pardon – Les ravages d’une erreur judiciaire
Loïc Sécher et Eric Dupond-Moretti – 2013

Loïc Sécher fut lui aussi victime dans cette affaire : Une fausse accusation d’abus sexuel sur mineure. Il put ainsi se constituer partie civile en étant victime d’une dénonciation calomnieuse. Loïc Sécher a passé 2 650 jours, privé de liberté. De plus, il subit les pires traitements en prison, notamment des viols. Il est maintenant porteur du VIH suite à ces agissements.

Loïc Sécher
Loïc Secher lors de son procès en révision

Pour son indemnisation, Loïc Sécher demanda la somme de 2 077 500 € à l’État. A sa sortie de prison, Loïc ne vivait qu’avec 417 € par mois et était devenu sans abri. Il avait tout perdu à cause de cette triste histoire.

Finalement, la cour d’appel de Rennes décida d’octroyer à Loïc Sécher une indemnisation de 797 352 euros ainsi que 50 000 euros pour sa mère et 30 000 pour ces 2 frère et sœur. Loïc Sécher ne fit pas appel.

Pour protéger les mineurs, le gouvernement français en 1997 avait sorti une circulaire rappelant aux fonctionnaires l’obligation d’informer le procureur de la République dès qu’un élève leur affirmait avoir victime d’abus sexuels ou de violences en tout genre.

  • Quel crédit accorder à la parole de l’enfant ?

Cour_appel_Rennes
Cour d’appel de Rennes

Mais le gouvernement ne s’attendait pas à des signalements qui allaient s’avérer excessifs et non fondés. C’est ainsi que des enseignants ont été suspendus par l’administration scolaire car ils étaient accusés d’être auteurs d’abus sexuels sur des élèves. Ils étaient, de fait, privés de présomption d’innocence.

Bon nombre de ces enseignants furent condamnés à partir d’une allégation non fondée. D’autres ont été contraints de quitter la ville et leur métier pour changer de département ou de région, loin de toutes les rumeurs. Mais le pire c’est que d’autres finirent par se suicider.

En 2000, Émilie, la victime présumée, sans doute impressionnée et dépassée par cette histoire, n’a pas nié les accusations contre Loïc Sécher. Il fallu attendre 2008 pour qu’elle se rétracte et que le processus menant à la libération de Loïc Sécher puisse s’initier.

15 réflexions au sujet de « Loïc Sécher »

  1. Il n’y eu que 8 procès en révision depuis la seconde Guerre mondiale. Pour ces autres justiciables qui n’ont pas eu la chance d’être reconnus innocents, combien sont ils qui croupissent en prisons ? La Justice n’aime pas reconnaître ses erreurs. Elle préfère laisser ceux qu’elle condamne en prison. Peu importe que leurs vies soient détruites…
    Heureusement que Eric Dupond-Moretti est devenu Garde des Sceaux. S’il y en a un qui peut changer les choses, c’est bien lui ! Il ne restera surement pas aussi passif que ses prédécesseurs. C’est quelqu’un qui ne va pas laisser les magistrats tranquilles. Avec lui, les droits de la Défense ne seront pas une vue de l’esprit mais bien réels. La France a peut-être pour la première fois le Ministre de la Justice dont elle a besoin.

  2. Seule la Justice de Dieu est la Vraie… On condamne les gens sans être sûr de ce pourquoi on les condamne exactement sinon sur des fondements mensongers d’un mineur ou je ne sais quoi…

    Si la justice n’est pas là pour un jugement impartial,droit et sûr qu’elle se taise donc au lieu de détruire la vie humaine dans son intégralité…

    Qu’est ce qu’il peut bien faire maintenant cet innocent alors devenu séropositif ??

  3. si j’ai bien suivi, il ne s’agit pas d’une erreur judiciaire, mais des conséquences d’une accusation mensongère.
    cela devait être très difficile à l’instruction de ne pas tenir compte des dires d’une ado de 14 ans, le fait qu’il n’y est, dans cette affaire, aucun élément probant, quant à l’acte répréhensible (supposé) commis par Loïc, laisse à penser que la justice n’avait pas bien fonctionné. Mais, pendant son incarcération, cet homme a subi un traitement abominable, et là …. rien… je me pose la question : la justice s’exerce-t-elle partout ???????

  4. Il est évident qu’on peut faire dire n’importe quoi à un enfant et un adolescent.
    On demande des résultats à la police pour calmer l’opinion publique. On sait que certains policiers n’ont aucun scrupule pour arriver à leur fin. Tout interrogatoire devrait être fait à la fois devant un avocat et un médecin, pour s’assurer que la personne est en état de répondre de manière cohérente.

    1. Tu as tout faux, Tu ne connais pas bien l’histoire, c’était mon tonton et il est accusé de viol car elle jouait au jeu de la bouteille au collège donc pour pas dire que c’est ses camarades, elle a dit mon tonton …

  5. Bonjour,
    Mon ami est victime de la même injustice que Mr SECHER, je voudrais tellement l’aider mais comment, il a été condamné à 12ans de prison.
    Que pouvons nous faire pour arrêter ce cauchemar?

      1. Quand on est accusé d’abus sexuels et qu’on n’a rien à se reprocher, il faut exiger que les accusateurs(trices) se prêtent à des interrogatoires à charge et à décharge. Pour cela, il faut déposer plainte avec constitution de partie civile pour dénonciation calomnieuse (attention, ne vous lancez jamais dans une procédure en diffamation, c’est presque toujours voué à l’échec).

        Ne vous laissez pas dire que votre plainte ne sera recevable que lorsque vous aurez subi le préjudice d’une condamnation définitive, car c’est faux. Le fait d’être mis en détention provisoire et de subir toutes les catastrophes entraînées par ce type d’accusation est suffisamment préjudiciable pour vous rendre recevable à l’instruction immédiate de votre plainte.

        Les gendarmes vont vous mettre la pression, vous faire le cinéma habituel (« avoue ! avec ce qu’on a sur toi de toutes façons tu n’iras pas loin »). Refusez de répondre tant que votre accusateur(trice) ne sera pas forcé(e) de répondre aux questions gênantes qui vont immédiatement vous venir à l’esprit. Car ne comptez pas sur les gendarmes pour poser ces questions, les accusations leur suffisent hélas en ces matières, ce qui va contre les plus élémentaires droits de l’homme. Elles ne seront posées, ces questions, qu’au cours d’une procédure d’instruction de votre plainte.

        Faites-vous lire et relire tant qu’il faudra la plainte de votre accusateur(trice). Vous finirez FORCEMENT par découvrir des détails qui clochent, puisque l’accusation est fausse.

        Si votre accusateur(trice) se défile sous prétexte de malaises, déclarez que vous attendrez patiemment qu’elle guérisse, mais que vous ne répondrez à rien tant qu’elle n’ira pas à son tour répondre à vos questions. Si les gendarmes vous jouent le grand jeu comme ils savent si bien faire, répondez-leur inlassablement que vous ne voyez pas pourquoi la parole seule de votre accusateur(trice) suffit à faire de vous un coupable, alors que votre parole à vous est méprisée. Tenez bon sur cette ligne : l’accusation doit répondre à telle et telle question, tant qu’elle ne lui est pas posée, je n’ai rien à dire.

        Voici un exemple pour illustrer tout cela : dans l’affaire Sécher, Émilie a donné PAR ÉCRIT deux versions des prétendus abus sexuels commis sur elle par Sécher. Dans une première version, elle déclare avoir été renversée sur un canapé, que son agresseur attenté de la pénétrer mis n’a pas réussi. Dans une seconde version, elle déclare avoir été sodomisée ce jour-là par Sécher, mais explique son silence sur ces faits par la honte d’avouer avoir subi ces « derniers outrages ». Sécher aurait dû pouvoir lui poser la question suivante après sa première version : « dans quelle position étiez-vous quand j’ai tenté de vous pénétrer ? »; Il est clair qu’elle va répondre « sur le dos ». Après la seconde version, la même question va devenir très intéressante : si Émilie répond « sur le dos », pas crédible. Donc elle va répondre « sur le ventre » et là bingo ! elle ne peut pas avoir été à la fois sur le dos et sur le ventre !

        Mais un simple ouvrier agricole, non rompu aux débats où il faut faire fonctionner son cerveau, est vite débordé par ces questions à Émilie, qu’il faut lui réitérer cinquante ou même cent fois. Les gendarmes vont donc vite reprendre la main. Leur triomphe momentané dans la procédure va leur monter à la tête. L’ouvrier agricole n’ira jamais la confiance en lui nécessaire pour faire valoir ses droits d’accusé. Au lieu d’une aide, ces gens de police vont devenir son cauchemar. Ces militaires de gendarmerie vont devancer les désirs obscurs de la foule, qui réclame le sang et les larmes de l’accusé ainsi que des mauvais accusateurs.

        L’aveu peut être aussi faux qu’un devis de garagiste, on ne doit jamais se laisser intimider par des aveux inopinés.

        1. Oui mais ma mère a été au tribunal dire que mon tonton (Loïc Secher) et ma mère Florence Secher pendant 7 ans on a dit qu’il était innocent mais personne nous croit !!!

  6. une mémoire, c’est un moment de vie à respecter, à perpétuer. Les instants qui sont si fugaces peuvent détruire une vie en une seconde et l’on ne peut comprendre pourquoi. J’éprouve une telle aversion des destructeurs de vies. Il n’est que de l’avoir vécu, par l’expression de la douleur de ma famille pour savoir ce qu’une accusation aléatoire ou calculée peut entrainer. Je vous suis reconnaissante de votre courage devant l’adversité et surtout la bêtise humaine. Roselyne

  7. pardonnez ma démarche, auriez vous un lien familial avec Louis Sécher déporté avec ma tante Marie-Louise Moru, dite Lisette ? Ils sont partis de Port-Louis en décembre 1942. Je suis la dernière descendante de Lisette. J’aimerais tant savoir. Je vous laisse libre de me répondre, ou non. Vos souffrances ont été si terribles et si injustifiées que je peux comprendre que vous désiriez avant tout la paix

    1. Chère Madame, je travaille sur la résistance bretonne. Je cherche à vous contacter. Pouvez-vous m’envoyer un message. Merci par avance.

  8. Mon fils aussi a été condamné a 12 ans pour un crime qu’il n’a pas commis, par la même justice, qui a condamné Loïc Sécher à 16 ans de prison, confirmé en appel de Rennes.

  9. A partir d’un moment donné dans un dossier judiciaire, il faut savoir relativiser les choses. Il faut aussi prendre les choses. L’ordre judiciaire importe également pour la réussite des missions des acteurs du monde judiciaire. Il faudra tenir compte des arguments de l’un et l’autre pour comprendre et faire la part des choses. Sinon c’est le revirement de l’ordre des choses.

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