Francis Heaulme reconnu coupable dans l’affaire de Montigny-les-Metz !

Au terme de trois semaines de procès, les jurés ont reconnu Francis Heaulme coupable du double infanticide de Montigny-les-Metz

Nous étions le 28 septembre 1986. Deux enfants succombaient sous les coups de leur agresseur sur le talus d’une voie de chemin de fer à Montigny-les-Metz. 17 mai 2017, plus de trente ans après les faits, la justice vient de condamner Francis Heaulme à la réclusion à perpétuité pour ce double meurtre !

Francis HeaulmeCette décision est la conclusion de trois semaines de procès aux assises de Metz. Rappelons que la première semaine du procès de Francis Heaulme avait été marqué par le témoignage de Patrick Dils. Ce dernier a effectué 15 ans de prison pour ces meurtres avant d’être acquitté, notamment grâce à la présence avérée de Francis Heaulme sur les lieux.

La deuxième semaine de procès a été plus calme. De nombreux témoins sont appelés à la barre. Mais beaucoup viennent sans grand chose de probant à déclarer.

« Montigny, c’est pas moi ». Francis Heaulme

Tout s’accélère ensuite lors de la troisième et dernière semaine. Le 8 mai, le gendarme Jean-François Abgrall, l’homme qui a arrêté Francis Heaulme est à la barre. Il est un des seuls qui a réussi à faire parler l’accusé.

Heaulme balance des choses « quand on ne lui demande rien ». Jean-François Abgrall

Autre moment intense, la déclaration des codétenus de Francis Heaulme. Notamment celle d’un certain Pascal Michel. Il raconte comment l’accusé lui aurait avoué les faits. Mais à présent, Heaulme réfute.

« je t’ai parlé de Montigny mais je t’ai pas dit que j’avais tué les enfants ». Heaulme à Pascal Michel

Pourtant l’ancien codétenu ne se démonte pas. il raconte que Heaulme lui aurait dit comment il aurait reçu des pierres jetées par les enfants. Puis comment il aurait voulu les rattraper pour les corriger. Comment il serait alors tombé. Comment les enfants auraient fait demi tour pour l’aider à se relever. Et finalement comment il aurait alors frappé l’un des enfants, l’autre restant immobile, tétanisé par l’atrocité de la scène…

Pendant toute la durée du procès, l’accusé aura très peu parlé. Ses interventions se résumant le plus souvent à une courte phrase :

« Montigny, c’est pas moi ». Francis Heaulme

La défense aura beau mettre en avant l’absence de preuves, les contradictions dans les témoignages, les aveux de Patrick Dils, cela ne sera pas suffisant. Les jurés ont suivi les réquisitions de l’avocat général.

Francis Heaulme est donc reconnu coupable du meurtre des deux enfants de Montigny-les-Metz en 1986.

Première semaine du procès de Francis Heaulme dans l’affaire de Montigny-les-Metz

Francis Heaulme est sur le banc des accusés pour le double infanticide de Montigny-les-Metz, 30 ans après les faits.

La première semaine du procès de Francis Heaulme dans l’affaire de Montigny-les-Metz vient de s’achever.

Francis Heaulme
Francis Heaulme

En effet depuis mardi 25 avril, le célèbre tueur en série doit répondre des accusations de meurtre sur deux enfants de 8 ans. Meurtres ayant eu lieu en 1986.

Rappelons que cette affaire est restée célèbre pour avoir été une des plus grandes erreurs judiciaires françaises de tous les temps.

Car le premier condamné pour ce double infanticide était Patrick Dils. Alors âgé de 16 ans, il fut interpellé, jugé puis condamné à la prison à vie.

Mais un élément troublant allait irrémédiablement semer le doute sur la culpabilité de Patrick Dils. Un certain Francis Heaulme allait reconnaitre sa présence sur les lieux des infanticides ! Patrick Dils passa 15 ans de sa vie en prison avant d’être innocenté.

  • La première semaine du procès de Francis Heaulme

Mardi 25 avril

Le premier jour du procès voit le président entreprendre un rappel de cette affaire. 30 ans après les faits, ce rappel occupera un bonne partie de la journée. A tel point que Francis Heaulme, plutôt taciturne le reste du temps, s’emporte à un moment :

«Vous racontez ma vie, là. J’ai commis des meurtres, je le reconnais, mais Montigny, c’est pas moi, c’est pas moi!» Francis Heaulme

Mercredi 26 avril

Le deuxième jour est marqué par l’audition de Patrick Dils par visioconférence. L’homme qui a endossé le costume du coupable pendant 15 ans, avoue sa surprise.

Patrick_Dils_acquittement
Patrick Dils

« Je sais pas trop quoi vous dire en fait. Je suis même surpris d’être entendu quinze ans après mon acquittement », Patrick Dils.

Mais les avocats de Francis Heaulme savaient eux parfaitement quel discours ils allaient tenir. En effet, ils n’ont pas hésité à déstabiliser l’homme de l’autre coté de l’écran.

« Contrairement à Francis Heaulme, vous avez fait des aveux précis, circonstanciés […] Je m’attendais à l’époque à vous voir clamer votre innocence […] C’est quand même vos aveux qui nous ont emmenés dans cette situation. Est-ce que vous ne devez pas ça aux familles ! » Avocats de Francis Heaulme s’adressant à Patrick Dils.

Dès lors, on devine la stratégie de ceux qui vont défendre Francis Heaulme pendant ce procès. Ils vont insister sur les doutes et les zones floues qui jonchent cette affaire.

D’autant que les scellés de cette affaire ont disparus. Pas de preuves, plus d’analyse ADN possible.

Jeudi 27 avril

La troisième journée du procès voit venir à la barra la famille de l’accusé afin de parler de l’enfance de se dernier. On y apprend que celle ci a été difficile. Un père violent, une mère volage.

La sœur de Francis Heaulme vient témoigner. C’est la personne la plus proche de son frère. Elle lui affiche son soutient à la barre.

« Je serai toujours là pour toi, Francis. On va y arriver. Tu es dans un tunnel noir mais tu vas en sortir » sœur de Francis Heaulme.

Puis vient le père du tueur en série. L’homme n’a pas revu son fils depuis 25 ans. L’audition prend une tournure ubuesque. Il nie les violences, décrit son fils comme sérieux et intelligent. Il jettera même le doute sur la culpabilité de son fils sur les neufs meurtres qui ont fait de lui le tueur en série que l’on connait.

Vendredi 28 avril

Le dernier jour de cette première semaine revient sur les meurtres du « routard du crime ». Le premier intervient 15 jours après le décès de sa mère. Nous sommes en 1984. Francis Heaulme avait 25 ans.

Un autre meurtre, resté irrésolu, interpelle. Celui d’un agriculteur de soixante ans en 1989. L’homme est retrouvé le crane fracassé à coup de pierre, le pantalon baissé. Un crime qui n’est pas sans rappelé le double infanticide. Le lendemain du meurtre de l’agriculteur, Francis Heaulme est aperçu sur les lieux du crime.

Il reste à présent deux semaines de procès. Le verdict est attendu le 18 mai.

L’ ADN pourrait bien relancer l’affaire Omar Raddad

Des traces d’ ADN de 4 hommes ont été retrouvées lors de nouvelles expertises. Aucune ne correspond à Omar Raddad.

L’ ADN va-t-elle créer un nouveau rebondissement dans l’affaire Omar Raddad ? 25 ans après le meurtre de Ghislaine Marchal, de nouvelles expertises montrent en effet, l’absence de l’ ADN d’Omar Raddad sur des éléments de la scène de crime.

Des analyses d’ ADN avaient déjà été effectuées en 2001 dans le cadre d’une demande de révision du procès. Les portes sur lesquels sont écrites la désormais célèbre inscription « Omar m’a tuer » (dont une partielle) et un chevron de bois maculé de sang avait été analysés. Des traces de plusieurs ADN avaient été déjà trouvé il y a 15 ans. Et déjà à cette époque, aucunes traces de l’ ADN d’Omar Raddad.

ADN
Modélisation de l’ ADN. Crédit : Thorwald

Mais cet argument n’avait pas suffit à convaincre les juges de rouvrir l’enquête, ceux-ci justifiant en 2002 que ces ADN aient pu être laissés avant ou après l’assassinant. En 2011, de nouvelles analyses sont réalisées sur ces mêmes prélèvements mais ceux-ci se révèlent insuffisant pour avancer.

L’avocate d’Omar Raddad demande alors que de nouveaux prélèvements soient effectués. Mais ceci est sans succès. Or en 2014, à la faveur d’une modification de loi rendant plus facile les demandes de révision de procès, l’avocate obtient enfin la réalisation de nouveaux prélèvements.

  • Une possible correspondance avec l’ADN d’un homme déjà fiché

Le laboratoire de Nantes qui a examiné ces prélèvements d’ADN vient de donner ses conclusions. Ont été retrouvés 2 ADN clairement exploitables et 2 partiellement. Il s’agit de l’ADN de 4 hommes, mais pas de celui d’Omar Raddad.

Ni d’ailleurs à ceux des potentiels suspects auxquels l’avocate du jardinier voulait qu’ils soient comparés. L’avocate avait aussi demandé que ces 4 ADN soient recoupés avec celui des proches de Mme Marchal mais ceci n’a pas encore été effectué.

Pour aller plus loin, l’ADN a été comparé avec le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG). Et justement, il se pourrait qu’au moins une correspondance ait été trouvée ! Le procureur de Nice s’apprête à demander l’arrestation d’un homme pour procéder à des analyses complémentaires. Mais pour le moment, les nouvelles s’arrêtent là, ce qui commence à inquièter l’avocate d’Omar Raddad

Reste que l’argument des juges en 2002 pourrait encore être valable sur ces nouveaux prélèvements. Depuis 25 ans, les pièces à conviction sur lesquels les prélèvements ont été effectués ont été manipulés de nombreuses fois, ce qui pourrait rendre caduque tout résultat.

Indemnisation pour les familles Azzimani et El Jabri

Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri ainsi que leurs familles toucheront finalement 1,45 million d’euros

Dans son verdict rendu il y a un quasiment un an, la cour d’appel de Nîmes ne reconnaissait pas le préjudice des familles des deux hommes. Celle-ci accordait une indemnisation de 480 000 euros à chacun. Cette somme venait compenser les 11 et 13 années passées respectivement en prison pour un crime qu’ils n’avaient pas commis.

Mais dès l’annonce du verdict, Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri ont fait savoir qu’ils allaient saisir la chambre nationale d’indemnisation. Ils étaient insatisfaits du montant accordé. Parmi leurs arguments, le premier était que d’autres victimes d’erreur judiciaires comme Loïc Sécher ou Marc Machin avaient davantage été indemnisées bien qu’ayant effectuées moins d’années de prison.

Indemnisation des familles
Cour de Cassation de Paris
Crédit : DXR

Mais surtout, ce qui avait vexé les 2 hommes était que le fait que la cour d’appel de Nîmes avait refusé d’octroyer une indemnisation à leurs familles. Ceci était justifié par la cour par le manque d’éléments prouvant le préjudice des familles.

La commission nationale de réparation des détentions de Paris vient donc de donner raison aux familles de ces 2 victimes d’erreur judiciaire. La famille de M. EL Jabri touchera 130 000 euros alors que celle de M. Azzimani recevra 360 000 euros.

  • De longues démarches pour obtenir réparation

Les deux hommes ont du arpenter un long parcours pour être indemnisés. Le montant total des indemnités reçues par les deux hommes et leurs familles s’élèvent donc à 1,45 million d’euros.

Voilà qui devrait conclure les démarches d’Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri pour obtenir réparation. Rappelons qu’en 2013, l’état avait commencé par refuser d’indemniser M. EL Jabri, avant de proposer environ 250 000 euros à chacun. Puis en 2015 la cour d’appel de Nîmes à accepter de verser 480 000 euros à chaque protagoniste. Finalement, la somme vient d’être portée à 1,45 million d’euros en comptant les sommes attribuées aux familles.

Pourvoi en cassation contre l’abandon des poursuites contre H. Leclaire

La mère d’une des victimes de Montigny-les-Metz a décidé de se pourvoir en cassation après que la justice ait abandonné les charges contre Henri Leclaire.

Récemment les rebondissement se sont multipliés dans l’affaire du double infanticide de Montigny-les-Metz. Dernier événement en date, le pourvoi en cassation de la mère d’une des victimes.

Cette dernière a réagit à l’annonce de la Justice faite le 7 juillet dernier de ne finalement pas poursuivre Henri Leclaire dans cette affaire. La justice ayant décidé de laisser finalement Francis Heaulme seul dans le box des accusés.

  • Trente ans se sont écoulés depuis le double meurtre

pourvoi en cassation
L’église de Montigny-les-Metz

Le 28 septembre 1986 sont découvert les corps sans vie de deux garçonnets près d’une voie ferrée dans la banlieue de Metz. Patrick Dils, 16 ans à l’époque, est reconnu coupable. Il passera 15 ans de sa vie en prison avant que son innocence soit reconnue en 2002.

Les soupçons se portent alors sur Francis Heaulme, le tristement célèbre « routard du crime ». Mais surprise, lors de son jugement en 2014, de nouveaux témoignages viennent à inculper un autre homme, Henri Leclaire.

Le 20 avril, les juges d’instruction décident alors de renvoyer Henri Leclaire aux assises en compagnie de Francis Heaulme. Mais saisie en appel, la cour décide finalement de renoncer à poursuivre M. Leclaire. Nous sommes alors le 7 juillet.

Le 12 juillet, la mère de Cyril, l’un des deux garçons assassinés il y a trente ans, décide de se pourvoir en cassation contre la décision rendue la semaine précédente. Son avocate précisant qu’il lui paraissait peu probable que ce double meurtre ait pu être perpétré par une seul personne.

Il n’est donc pas totalement impossible de voir Francis Heaulme partager le box des accusés avec Henri Leclaire. D’autant que ce dernier avait été le premier a avoué le meurtre il y a trente ans, avant de se rétracter. Et qu’il a toujours eu du mal à se montrer convaincant quand questionné sur ces infanticides.