Daniel Legrand non coupable dans l’affaire d’Outreau

Les jurés ont déclaré Daniel Legrand fils non coupable des faits qui lui était reprochés en tant que mineur dans l’affaire d’Outreau.

Le procès de Daniel Legrand fils devant la cour d’assises pour mineurs de Rennes vient de se terminer par le verdict des jurés qui reconnaissent l’accusé non coupable des faits qui lui était reproché en tant que mineur dans l’affaire d’Outreau.

Daniel Legrand avait déjà été reconnu innocent en appel dans l’affaire d’Outreau comme 13 personnes sur les 17 mis en cause par la Justice. Pourtant, étant que mineur au début des faits, il était possible, d’après les règles de la justice française, de le poursuivre pour les mêmes faits pour lesquels il a pourtant déjà été reconnu innocent il y a 10 ans.

Daniel Legrand reconnu non coupable
Daniel Legrand lors du procès de Rennes

C’est suivant cette subtilité de justice qu’a commencé le 18 mai dernier un nouveau procès pour Daniel Legrand.

La première semaine d’audience a été marqué par la venue de la famille de l’accusé, qui a rappelé les souffrances que ce dernier a subi avec cette affaire alors que sa famille menait une vie simple. Puis, vient le tour de Jonathan et de Cherif Delay, deux des quatre enfants victimes. Ils ont tous les deux dit se souvenir de l’accusé lors des viols.

La deuxième semaine de procès a vécu la plus grande intensité lors des auditions des quatre personnes reconnues coupable dans l’affaire d’Outreau. Thierry Delay et Myriam Badaoui (les deux parents) puis David Delplanque et Aurélie Grenon. Ils ont tous affirmé, chacun leur tour et avec plus ou moins de détails, que Daniel Legrand fils n’avait aucun lien avec les viols. Ils ont ajoutés qu’ils ne le connaissaient pas avant l’instruction par le juge Burgaud.

  • « A l’ensemble des questions sur la culpabilité, il a été répondu : NON »

La dernière semaine qui vient de s’achever par l’acquittement de Daniel Legrand, aura été marqué par la venue à la barre de Dimitri Delay, la troisième victime à être entendu. Comme ses frères il a impliqué l’accusé. « je ne peux pas vous préciser les détails. Mais je sais que Daniel Legrand était là et je l’ai vu abuser d’enfants ». Plusieurs condamnés à tord dans l’affaire d’Outreau sont ensuite venus exprimer les souffrances qu’ils subissent depuis 15 ans.

Les avocats des parties civiles ont alors plaidés pour la condamnation de l’accusé. « La culpabilité est ma certitude. Je demande la condamnation ». Puis l’avocat général a réalisé un réquisitoire basé sur les points clés de l’affaire. Il a terminé par une demande sans équivoque aux jurés. « Je veux que dans votre décision, il apparaisse clairement que Daniel Legrand n’a rien fait, qu’il est un innocent ». Comme devant la cour d’appel de Paris, les avocats de la défense ont alors renoncé à plaider.

Après une dernière phrase de l’accusé « Moi et mon père on est innocent. Je le dis avec force, courage et dignité ». La cour s’est alors retiré avant de conclure « A l’ensemble des questions sur la culpabilité, il a été répondu : NON ».

Daniel Legrand est non coupable des faits reprochés dans l’affaire d’Outreau.

Jonathan Delay, victime d’Outreau, s’entretient avec des journalistes

Jonathan Delay a convié des journalistes à un rendez-vous mi-avril 2015. Extraits.

Jonathan Delay est un des douze enfants reconnus victimes de l’affaire d’Outreau. Il est le fils de Myriam Badaoui et Thierry Delay, reconnus coupables de viol et de proxénétisme sur Jonathan mais aussi sur ces trois frères, au bout de ce qu’on finira par appeler le « fiasco judiciaire » du procès d’Outreau.

Dix ans ont passé depuis ce fameux procès, qui s’est tenu alors que Jonathan Delay n’avait qu’une dizaine d’années. A aujourd’hui 21 ans, c’est un homme qui a convié des journalistes à un entretien dans une brasserie de Paris, où il vit actuellement. L’occasion de parler de ce qu’il a fait ces dix dernières années, ses relations avec sa famille, ses projets mais aussi ce qu’il pense du procès de Daniel Legrand Fils, qui doit se tenir le mois prochain.

  • Après le procès d’Outreau

Jonathan Delay n'est plus à Outreau
Vue du centre d’Outreau
Crédit : Floflo62

Après le procès, Jonathan Delay raconte être passé de familles d’accueil en familles d’accueil. Puis «le jour de mes 18 ans, à minuit, on m’a mis dehors, au foyer de Boulogne-sur-Mer». Il avoue avoir passé «six mois dans la rue à Paris, du côté de la gare du Nord».

Période difficile qu’il abandonne le temps d’un instant «En juin 2012, j’ai touché les 32 000 € de dommages et intérêts en tant que victime d’Outreau. J’en ai profité, j’ai fait des soirées, je suis parti en vacances. J’avais soudainement beaucoup d’amis. Jusqu’au jour où je me suis réveillé avec plus rien.»

  • Sa famille

Il n’a plus de contact avec son père, toujours en prison «Aucun dialogue. Sa dernière lettre remonte à 2004». Sa mère, qui a été libérée de prison, lui a beaucoup écrit pendant son incarcération. Il l’a revu en 2011, ils ont parlé un quart d’heure, et depuis plus de nouvelles.

«Mes relations avec mes frères restent floues» reconnait Jonathan Delay. Chérif, l’ainé est en prison pour «une accumulation de trucs débiles». Dimitri a vivement condamné la tenue d’un nouveau procès de Daniel Legrand et il est peu probable que les deux frères se retrouvent à cette occasion. Quant à Dylan, celui-ci serait au Maroc et Jonathan Delay reconnait être en froid avec lui.

  • Le nouveau procès de Daniel Legrand Fils

«Ça fait pas mal d’années que j’attends. J’ai envie d’y croire. Il existe peut-être une autre justice, plus respectable à notre égard». Jonathan Delay renchéris «Si je me constitue partie civile, ce n’est pas anodin. Je n’ai pas l’intention de regarder les mouches voler». Il dit se souvenir comme si c’était hier de ce qui se passait à Outreau et enchaine «je n’ai plus 10 ans, j’ai l’âge pour pouvoir parler. J’ai été reconnu comme victime, maintenant je veux être entendu».

Rendez-vous le 19 mai à Rennes pour que Jonathan Delay puisse passer à autre chose comme il le reconnait «j’aimerais qu’on me voie comme autre chose qu’un enfant d’Outreau».

Source : Le Parisien et La voix du Nord