Que faut-il retenir de la deuxième semaine de procès de Daniel Legrand en tant que mineur dans l’affaire d’Outreau ?
Écourtée d’une journée avec le lundi de Pentecôte, la deuxième semaine du procès de Daniel Legrand dans l’affaire d’Outreau vient se de terminer. Elle aura notamment été marquée par la venue à la barre des quatre personnes condamnées dans cette affaire de pédophile. Dont notamment les parents Thierry Delay et Myriam Badaoui.
Le premier des quatre coupables dans l’affaire d’Outreau à être entendu au premier jour de la deuxième semaine est Thierry Delay. C’est le père de trois de quatre enfants du couple sur lesquels ont été commis les viols et le plus lourdement condamné dans l’affaire il y a dix ans.
« Quand j’allais dans son sens, ça allait mais sinon, il criait » Myriam Badaoui à propos du juge Burgaud
A la question du président « Est-ce que le nom de Daniel Legrand vous dit quelque chose ? » Thierry Delay répond par la négative. A propos des viols, lorsque le président demande « Qui d’autre était présent? » Thierry Delay répond « Myriam Badaoui, David Delplanque et Aurélie Grenon »
Le lendemain, la deuxième personne à venir à la barre répondre aux questions du président et des avocats est la très attendue Myriam Badaoui.
Première question du président : « Connaissiez vous l’accusé Daniel Legrand avant les faits qu’on lui reproche ? » Myriam Badaoui répond par la négative comme son ancien mari. La président, en continuant ses questions simples mais directes, demande « vous avez mis en cause d’autres personnes. Avez-vous menti ou dit la vérité ? ». Myriam Badaoui répond « j’ai menti ». Comme son ex-mari, à la question sur le viol de ces enfants « il y avait d’autres personnes? » Myriam Badaoui répond « non ».
Pour tenter de justifier ses mensonges qui ont conduit à inculper tant de personnes dans l’affaire d’Outreau au début des années 2000, Myriam Badaoui ne ménage pas le juge Burgaud. « Quand j’allais dans son sens, ça allait mais sinon, il criait ». Ou encore « quand je voulais revenir sur mes déclarations, il me disait que j’étais menteuse, que je partirais pour 20 ans et que je ne reverrais plus mes enfants ». Myriam Badaoui se montre encore plus explicite en déclarant « lorsque je disais la vérité, le juge n’était pas content. Il tapait du poing sur le bureau. »
Les quatre unanimes sur l’absence de Daniel Legrand lors des faits
Viens le tour d’Aurélie Grenon, qui a fait connaissance de couple Delay-Badaoui « au milieu de l’année 1998 ». Comme ces derniers, elle annonce à la barre « Je ne connais pas monsieur Legrand. Je l’ai accusé à tort, il n’avait rien à voir dans l’histoire ». Le reste de son audition est jalonné de nombreux « Je ne sais plus ». Même quand il s’agit de se rappeler à quelle peine elle a été condamné dans l’affaire d’Outreau.
Le dernier des quatre condamnés à intervenir dans cette deuxième semaine de procès est donc David Delplanque. Il annonce la couleur dès sa première intervention « Monsieur Daniel Legrand n’était pas dans l’affaire. Je n’ai plus rien à dire ». Il déclare à son tour que seuls les enfants du couple Delay-Badaoui ont été victimes de sévices sexuels.
Retour sur la première semaine d’audience dans le procès de Daniel Legrand fils en tant que mineur à l’époque de l’affaire d’Outreau.
Le nouveau procès de Daniel Legrand fils dans l’affaire d’Outreau a débuté le 19 mai à Rennes devant la cour d’assises pour mineurs de Rennes. Alors que la première semaine d’audience touche à sa fin, que faut-il retenir de ces premières journées de procès ?
Rappelons que Daniel Legrand fils avait été définitivement acquitté lors du verdict du procès en appel en 2005. Comme 13 des 17 personnes initialement condamnés pour des actes pédophiles dans l’affaire d’Outreau. Cependant, cet acquittement est officiel pour les faits reprochés à Daniel Legrand fils en tant que personne majeure.
Comme la justice le permet, il peut être jugé pour les mêmes faits en tant de mineur au moment des prétendus agissements. C’est bien ce jugement qui voit sa première semaine se dérouler devant la cour d’assises pour mineurs de Rennes en ce moment même.
19 mai, l’audience est ouverte
« Je m’appelle Daniel Legrand. Je suis né à Boulogne-sur-mer le 15 juillet 1981 ». Tels sont les premiers mots de l’accusé lors ce cette première journée. Trois des enfants Delay, Cherif, Dimitri et Jonathan se constituent partie civile. En cette première matinée seul Jonathan est présent, puis Dimitri apparaitra dans l’après-midi.
Alors que la matinée se termine par la présentation des faits par le président du tribunal, l’après-midi débute par l’interrogatoire de personnalité de Daniel Legrand Fils. Ce dernier évoque son enfance « Moi c’était football, football, football. J’ai même arrêté l’école à 16 ans pour me consacrer au football ». Puis son incarcération « je pleurais souvent, je comprenais pas ce qui m’arrivait ».
Puis viennent à la barre la mère et la sœur de Daniel Legrand Fils. La première évoquera sa vie de famille simple avant l’affaire d’Outreau. La seconde la situation de son frère « qui a sombré au fond du trou et on a du mal à le remonter. »
20 mai, l’audition de Jonathan Delay
La deuxième journée d’audiences commence par la venue à la barre des deux policiers qui ont entendu les enfants au cours de l’enquête. Didier Wallet évoque le manque de moyen dont il disposait à l’époque. Mais surtout il précise qu’ « Aucun enfant ne reconnaît en photo, ni ne parle de Daniel Legrand ». Le deuxième policier déclare avoir peu de souvenirs de l’affaire. Il précise n’avoir pas non plus « fait d’acte concernant Daniel Legrand ».
Dans l’après-midi, arrive à la barre Johathan Delay, un des enfants victimes des pédophiles dans l’affaire d’Outreau. Johathan Delay a du mal à s’exprimer et tout le monde s’accorde sur la souffrance qu’il ressent. Quand le président lui demande « Daniel Legrand fait partie des gens qui ont abusé de vous ? » il répond « oui. Je sais qu’il était là ».
21 mai, familles d’accueil, docteurs et Cherif Delay à la barre
La troisième journée commence par la venue à la barre de l’assistante familiale de Cherif Delay de 1988 à 2004. Elle indique de ce dernier a commencé à se confier quand « ses autres frères ont commencé à parler ». Mais qu’elle n’a « jamais entendu parlé du nom de Daniel Legrand » avant 2004.
Puis c’est au tour de l’assistante familiale qui a accueilli Dimitri et Dylan à partir de 2000. Quand Dimitri a commencé à évoquer ce qu’on lui faisait subir, il établit une liste de 10 noms dans laquelle n’apparait pas Daniel Legrand. L’assistante familiale explique qu’elle « croyait Dimitri avec prudence ». Elle « lui tendait des pièges » pour savoir s’il mentait. Puis dans une deuxième liste apparait le nom de Daniel Legrand.
L’après-midi commence par une visio conférence avec des docteurs ayant examinés les enfants Delay. Le docteur Dickes ayant examiné Dimitri en 1999 déclare « j’ai été le seul a avoir pu constater dans les délais qu’il n’y avait rien ». Puis le docteur Bouvy indique avoir examiné tous les enfants Delay à l’époque et n’avoir relever que des examens normaux sauf pour Jonathan, avec pour ce dernier des éléments compatibles avec des actes de pénétration.
L’assistante familiale de Jonathan arrive à son tour à la barre. Elle aussi évoque les souffrances qu’elle lisait dans le regard de l’enfant. « Un enfant de cet âge là ne pouvait pas inventer des choses pareilles, c’était pas possible. »
Puis arrive enfin Cherif Delay à la barre, l’ainé des quatre frères, âgé aujourd’hui de 25 ans. Rapidement il indique au sujet de Daniel Legrand « cette personne qui est là aujourd’hui je la reconnais. » L’audition est difficile pour Cherif Delay « par rapport au stress et à des souvenirs qui sont lointains ».
22 mai, l’audition du Juge Burgaud
La journée débute par l’audition de l’assistante sociale et référente des familles d’accueil des enfants Delay. « Après les vacances de Toussaint 2000, vient le premier signalement ». Elle évoque la mère des enfants, Myriam Badaoui, qui « pouvait nous dire que ses enfants étaient en danger puis remuer ciel et terre pour qu’ils rentrent ». Elle enchaine en indiquant que « Myriam Badaoui avait l’art de semer le trouble par cette attitude ambivalente. Je ne l’ai pas sentie sincère. »
S’en suit les interventions d’Henri Villeneuve, chef de service éducatif du conseil général. Puis Eric Tamion, juge pour enfants qui reconnait que les parents Delay n’ont été placés en garde à vue que plusieurs semaines après que leurs enfants les aient accusés. Ceci aurait pu laisser le temps aux parents de faire disparaitre certains éléments matériels.
L’après-midi voit défiler à la barre Patrice Duval, l’ancien greffier du juge Burgaud puis le juge Burgaud lui-même. Le greffier est peu loquace, répondant plusieurs fois par des « je n’ai pas le souvenir » ou similaire.
Le juge Burgaud revient longuement sur l’instruction qu’il a mené lors de l’affaire d’Outreau. Il indique que « à partir de juin 2001, de nouveaux noms apparaissent dont un certain Dany Legrand lié à la Belgique ». Il reconnait une instruction difficile. « La difficulté était de savoir ce qui pouvait être établi et ce qui pouvait être de fausses accusations » avec une « autre difficulté et pas des moindres, c’était une instruction sous pression des médias. » Sur la question de l’apparition du nom de Daniel Legrand dans le dossier, il précise « Je ne soufflais aucun nom à Myriam Badaoui, je n’avais aucun intérêt à le faire. »