Erreur judiciaire pour Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri

Le mercredi 15 mai 2013, la justice à reconnu son erreur dans la condamnation pour meurtre de Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri

En 1997, à Lunel (Hérault), était retrouvé le corps sans vie et sauvagement mutilé d’Abdelaziz Jhilal, un dealer de drogue âgé de 22 ans. Rapidement les soupçons se portaient sur deux autres trafiquants de cannabis, Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri. Ceux-ci étaient présents sur les lieux du crime au moment des faits. Ils avaient avoué rechercher la victime pour régler un différent financier.

Cependant, ils avaient farouchement nié l’homicide. Ils n’avaient depuis cessé de clamer leur innocence. En 2003, la justice prononçait une peine de 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de MM. Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri.

  • De nouvelles analyses ADN accusent d’autres personnes !

Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri
Abdelkader Azzimani

En 2009, un témoin à charge se rétracte, ce qui a pour conséquence une réouverture du dossier. L’année suivante, des analyses ADN jamais réalisées auparavant montrent que le sang retrouvé sur les lieux du crime ne correspond ni à celui de la victime ni à celui des accusés. Il s’agit de celui d’une autre personne connue des services de Police, également pour des affaires de drogues. Interrogé, il nie le crime et accuse un complice. Auditionné à son tour, ce complice met en cause en retour son accusateur.

Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri
Abderrahim el-Jabri

Le vrai meurtrier est donc une de ces 2 nouvelles personnes. Cela innocente de ce fait Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri. La cour de révision vient donc d’annuler la condamnation pour meurtre de MM. Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri, sur la base de faits nouveaux  inconnus au moment du premier jugement.

C’est ainsi la neuvième fois seulement depuis 1945 que la justice reconnait son erreur sur un jugement, le précédent cas étant celui de Marc Machin en fin d’année 2012.

Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri auront respectivement passé 11 et 13 ans de leur vie derrière les barreaux pour un crime qu’ils n’avaient pas commis

Revue de presse autour du documentaire « Outreau, l’autre vérité »

Malaise, controverse, polémique, … Ce sont les mots qui sont revenus les plus souvent sous la plume des journalistes pour qualifier le documentaire Outreau, l’autre vérité sorti en salle le 6 mars dernier. Revue de presse autour du documentaire.

Il y a tout d’abord les journalistes septiques. A l’instar de Camille Polloni de Rue89 qui juge que le documentaire Outreau, l’autre vérité « jette le doute sans preuves« . Pour elle, il a été procédé à « des témoignages orientés« . 20minutes.fr « aurait aimé que son argumentation soit plus solide quand il remet en doute l’innocence d’anciens prévenus qui ont déjà beaucoup souffert« .

Arrivent ensuite les journalistes ouvertement critiques comme Emmanuelle Réju de la-croix.com Il qui voit dans Outreau, l’autre vérité un documentaire dans lequel « le réalisateur n’apporte aucun fait nouveau« . Il ajoute que « à la place nous est servie la thèse d’un improbable complot politique« . Tout comme Stéphane Durand-Souffland du Figaro, qui annonce d’emblée la couleur en commençant son article par « Partant du postulat erroné que les enfants victimes de cette affaire de pédophilie n’ont pas été entendus, Serge Garde se lance dans une démonstration éminemment contestable »

  • Des avis partagés sur Outreau, l’autre vérité

Outreau, l'autre véritéParmi ceux qui trouvent des qualités au documentaire Outreau, l’autre vérité, on notera l’avis de Thibaut Solano de La Montagne. « Pour autant, on aurait tort de rejeter en bloc ce documentaire« . Car « il met en évidence plusieurs aspects de l’affaire méconnus car peu (voire pas) relayés par les médias à l’époque« .

Également Claire Steilen du télégramme.com qui conclu son article en notant que « ce nouveau documentaire atteint son but en réhabilitant la parole des enfants. Mais il pose aussi bien des questions. Notamment sur la connivence entre la presse et la défense, pas forcément au service de la vérité. »

On peut également se poser des questions sur le crédit à donner à certains commentaires. Me Eric Dupond-Moretti a qualifié le documentaire Outreau, l’autre vérité de « poisseux, « visqueux » et « malhonnête ». A noter qu’il est l’avocat d’une des treize personnes acquittées.

Devant ces attaques, Serge Garde, le réalisateur s’attache à rappeler que son documentaire « Outreau, l’autre vérité part de la parole des grands oubliés de cette affaire. Personne ou quasiment ne sait qu’il y a eu douze enfants reconnus victimes par la justice. Cette même justice qui a acquitté treize des accusés. Ces enfants, on les a complètement oubliés ».

Quant à Bernard de la Villardière, il indique que « Ce n’est pas une contre enquête. Je ne remets pas en question le verdict et l’acquittement« .

Outreau, l’autre vérité – Le documentaire

Le 6 mars 2013 sortira au cinéma le documentaire « Outreau, l’autre vérité ». Il est réalisé par Serge Garde et produit par Bernard De La Villardière (le journaliste de M6) à propos de l’affaire d’Outreau.

10 ans après les faits, un documentaire de 90 minutes s’apprête à sortir au cinéma. Ce film intitulé « Outreau, l’autre vérité » a nécessité 3 ans de travail. Il nous replongera dans cette célèbre affaire qualifiée à l’époque de fiasco judiciaire.

Ce documentaire se distingue par la part importante laissée à la parole des enfants. D’après le réalisateur, ils n’ont pas été écoutés durant toutes ces années. Il critique aussi largement les médias dans cette affaire par leur rôle dans la théâtralisation de la justice.

Ce film met aussi l’accent sur les conséquences de cet épisode traumatisant. Certaines affaires relevant de la pédophilie étant, depuis, un peu trop vite classées sans suite, de peur d’une nouvelle affaire d’Outreau.

Outreau, l’autre véritéFinalement, le documentaire « Outreau, l’autre vérité » souligne le rôle de bouc émissaire du juge Burgaud. Il a concentré tous les reproches, alors que plusieurs dizaines de magistrats traitaient cette affaire.

Ce documentaire regroupe les principales critiques que font ceux qui ne sont pas d’accord avec les conclusions officielles sur cette affaire. Ceux-ci pensent qu’un certain nombre de personnes initialement inculpées puis relâchées ont quand même quelque chose à se reprocher.

Ce documentaire risque de susciter de nombreuses réactions. Car il va rouvrir des plaies à peine cicatrisées, tant l’affaire d’Outreau a marqué la scène médiatique, politique et judiciaire.

Cliquez sur le lien ci-après pour découvrir la bande annonce du film : bande annonce : Outreau, l’autre vérité

Si vous aussi vous souhaitez vous exprimer sur l’affaire d’Outreau ou sur ce documentaire en particulier, n’hésitez pas à nous faire part de votre opinion dans le cadre ci-dessous et prévu à cet effet.

Innocence project en France contre les erreurs judiciaires

Vendredi 11 janvier a été lancée la branche française d’innocence project.  Il s’agit d’une ONG américaine créée il y a 20 ans et qui a déjà permis de rectifier 300 erreurs judiciaires.

Sylvain Cormier et François Saint-Pierre sont à l’initiative de la création de la branche française d’ innocence project. Il s’agit d’une association regroupant entre autres avocats, détectives, policiers, étudiants en droit.

Avec seulement 8 erreurs officiellement établies en ce qui concerne les jugements de cours d’assise depuis 1945 à l’heure où nous écrivons ces lignes (dont la dernière en date est celles de Marc Machin), la justice française a visiblement du mal à reconnaitre ses torts. Les 2 avocats lyonnais à l’origine de la branche française partagent le même constat.

logo innocence project
Logo d’innocence project

L’organisation se replongera dans les dossiers criminels pour lesquels un doute aura pu être identifié. Elle tachera d’apporter des éléments nouveaux (par exemple des analyses ADN) permettant d’engager une procédure de révision. Elle travaillera dans l’espoir que des erreurs judiciaires soient reconnues. Notamment dans le cas où des innocents auraient pu être condamnés à tort.

En effet, comme le stipule l’article 622 du code de procédure pénale, La révision d’une décision pénale définitive peut être demandée […] lorsque […] vient à se produire ou à se révéler un fait nouveau ou un élément inconnu de la juridiction au jour du procès, de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné.

La branche américaine de l’association innocence project s’est déjà illustré à de maintes reprises outre atlantique. Principalement par ses succès dans des affaires criminelles en y apportant des éléments nouveaux qui ont conduits à la révision des jugements rendus. Des innocents, parfois emprisonnés depuis de nombreuses années, ont ainsi pu recouvrer la liberté qu’ils n’auraient jamais du perdre.

Le but final de la branche française de l’association est bien sur le même que celui de la branche américaine. Que des personnes condamnées à tort soient rejugées et soit finalement innocentés !

Marc Machin acquitté !

Jeudi 20 décembre 2012, Marc Machin a été définitivement acquitté par la justice, 6 ans et 3 mois après sa condamnation pour le meurtre de Marie-Agnès Bedot, le 1er décembre 2001.

Lorsque que Marc Machin a entendu la présidente de la cour d’assises annoncer son acquittement, il s’est senti soulagé que l’erreur concernant sa condamnation sont enfin réparée. Il rentre dans le cercle très fermé des personnes à être acquittées après une procédure de révision. Il devient le 8eme cas depuis la seconde guerre mondiale.

Sa condamnation pour 18 ans de prison avait déjà été annulée suite aux aveux spontanés d’une autre personne, David Sagno. L’ADN de ce dernier avait effectivement été retrouvée sur les lieux du crime. Bien que sa condamnation ait déjà été annulé, il restait encore une étape qui vient de se terminer. Marc Machin est à présent pleinement acquitté pour cet homicide.

Marc Machin
Marc Machin à sa sortie du tribunal

L’avocate générale ayant requis son acquittement a reconnu l’erreur judiciaire. Mais elle n’a toutefois pas reconnu un dysfonctionnement de la justice. Ce passage au tribunal n’était qu’une formalité administrative pour Marc Machin. La fin d’une démarche procédurale sur le chemin de l’innocence qu’il n’aurait jamais dû quitté en ce qui concerne le meurtre de Marie-Agnès Debot en 2001.

A sa sortie du tribunal, il avoue toujours garder un souvenir amer de M. Mulès, le policier lui ayant extorqué des aveux, et de M. Bellencourt, le juge d’instruction ayant conduit l’enquête initiale. Ces deux personnes resteront dans le mémoire de Marc Machin comme étant celles qui auront joué un rôle important dans son injuste emprisonnement.

Marc Machin souhaite à présent « aller de l’avant » et reprendre une activité professionnelle normale. Il va à présent se concerter avec ses avocats pour construire sa stratégie afin de demander des indemnités à l’état en guise de réparations pour les années de prison qu’il a passé injustement.