Verdict pour l’indemnisation de M.Azzimani et M.El Jabri

480 000 euros d’indemnisation pour Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri. Un verdict qu’ils n’acceptent pas.

La cour d’appel de Nîmes vient de rendre son verdict. Elle se penchait sur le montant de l’indemnisation à attribuer à Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri. Rappelons que les deux hommes ont passé 11 et 13 ans respectivement en prison pour un crime qu’ils n’ont pas commis.

Abdelkader Azzimani obtient la somme de 480 000 € pour le préjudice moral subi pour ses 11 ans et 7 mois privé de liberté. Auxquels s’ajoutent 887,53 € de préjudice matériel et une indemnité supplémentaire d’un montant de 2 000 €.

Abdelrrahim El Jabri se voit attribuer également 480 000 € pour préjudice moral pour ses 13 ans passés en prison. S’ajoutent 3 537,04 € de préjudice matériel et la même indemnité supplémentaire de 2 000 € que son compagnon d’infortune.

  • Les deux hommes ont l’intention de contester ce montant

verdict pour Azzimani et El-Jabri
Abdelkader Azzimani et Abderrahim El-Jabri

Ce verdict ne satisfait pas les deux hommes qui demandaient 3 millions d’euros chacun. (2,945 millions d’euros pour Abdelkader Azzimani et 3,184 M€ pour Abdelrrahim El Jabri). Ils ont déjà annoncé leur intention de saisir la chambre nationale d’indemnisation pour que ce jugement soit reconsidéré.

Eux aussi victimes d’erreurs judiciaires, Loïc Sécher touchait 797 352 € pour sept ans de prison. Alors que Marc Machin recevait 663 320 € pour six ans de prison. Sur la base de ces précédents, Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri conteste le récent verdict. La cour d’appel de Nîmes leur octroie beaucoup moins alors qu’ils ont fait deux fois plus de prison.

Le tribunal a justifié sa décision par le fait que les deux hommes avaient déjà un lourd passé judiciaire avant d’être condamné à tord le 25 juin 2004 à 20 ans de prison le meurtre d’Abdelaziz Jhilal, un dealer de drogue.

Dans son verdict, le tribunal justifie ne pas accorder d’indemnisation pour les familles des deux hommes par le fait que la preuve de ce préjudice n’a pas été apporté. Cette décision est ainsi une des raisons qui est à l’origine de la volonté des deux hommes de saisir à présent la chambre nationale d’indemnisation.

Indemnisation de Adbelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri, le grand écart.

Les audiences pour déterminer le montant de l’indemnisation à accorder à Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri suite à l’erreur judiciaire dont ils ont été victimes se sont tenues mardi 29 septembre.

MM. Azzimani et El Jabri ont passé respectivement 11 et 13 ans derrière les barreaux. Ceci avant que la cour de révision n’annule le jugement initial en 2013. Puis que la cour d’assise de Nîmes les reconnaisse définitivement non coupable en 2014 du meurtre d’un dealer de drogue commis en 1997.

A présent libres, ils ont entamé les longues démarches pour se faire indemniser par l’État pour le préjudice subit. Ceci les a ainsi conduit devant la devant  la cour d’appel de Nîmes en cette fin septembre.

Indemnisation Abdelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri
Arène de Nîmes
Crédit : José Luis

Une première audience qui se tenait en février avait du être repoussée pour des raisons administratives. L’État ne proposait aucune indemnisation à M. El Jabri, ne trouvant pas la trace officielle d’une incarcération. Cette nouvelle avait ainsi provoqué la colère de l’homme qui est un de ceux qui a passé le plus d’année en prison pour rien. Le triste record appartenant à Patrick Dils avec 15 ans.

L’État a cette semaine proposé 240 000 euros à M. Azzimani pour ses 11 années de prison et 270 000 euros à M. El Jabri pour ses 13 années d’incarcération. Mais ceci est loin des 3 millions d’euros par personne demandé par les deux plaignants.

  • Les arguments de l’État jugés blessant par les 2 hommes

Le représentant de l’État a justifié le montant proposé par le fait que les deux hommes avaient déjà purgé plusieurs années de prison pour des faits de trafic de drogue avant le meurtre. A ce titre, il indique que le préjudice subi par cette décennie indue en prison était ainsi moindre que si elle avait touché une personne au casier judiciaire vierge.

De même le représentant de l’état n’a pas souhaité reconnaitre la souffrance des familles invoquée par les deux hommes pendant ces années d’incarcération. Celle-ci n’ayant pas été prouvé par les deux plaignants.

Ces arguments ont suscité la colère d’Adbelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri. Ces derniers trouvant honteux que l’état ose avancer des propos qu’ils jugent méprisant envers eux et leurs familles.

En terme d’indemnisation d’erreurs judiciaires, Patric Dils s’est vu attribuer 700 000 euros pour ces 15 années de prison. (Plus 200 000 euros pour sa famille et 100 000 euros de frais de justice). Loïc Sécher a reçu 797 352 euros pour ces sept ans d’emprisonnement. Pour ces six années privé de liberté, Marc Machin a reçu la somme de 663 320 euros.

Le jugement a été mis délibéré au 17 novembre. Une fois rendu, Adbelkader Azzimani et Abderrahim El Jabri pourront faire appel devant la commission nationale d’indemnisation de Paris.

La justice accorde 367 551 euros d’indemnités au Dr Muller

La cour d’appel de Nancy vient d’octroyer 367 551 euros d’indemnisation au Dr Muller

Vendredi 20 février 2015, la cour d’appel de Nancy a rendu son verdict. Elle accorde la somme de 367 551 euros au docteur Jean Louis Muller pour les 600 jours d’incarcération qu’il a effectué. Ceci avant d’être reconnu innocent au terme d’un troisième et ultime procès en 2013.

Le docteur Muller demandait, par l’intermédiaire de son avocat Me Eric Dupont-Moretti, une indemnisation à hauteur de deux millions d’euros. Alors que le représentant de l’État proposait de son coté de lui verser 89 000 euros.

  • Un indemnisation jugée décevante par le docteur Muller

Dr Muller
Dr Muller en 2013

L’indemnisation octroyée par la cour d’appel de Nancy se décompose en 74 000 euros de préjudice moral. Puis viennent près de 125 000 euros en guise de pertes de revenus. Finalement arrivent 170 000 euros de préjudice matériel, notamment lié à la perte de son cabinet médical.

Cette indemnisation est jugée très décevante par le Dr Muller. La cour n’a notamment pas versé d’indemnités pour les pertes relatives à la carrière que le docteur ne pourra pas faire. Pour celle-ci, il demandait 1 250 000 euros, le plus gros montant de sa requête.

C’est en 1999 que débute le long combat du Dr Muller, après la découverte du corps de sa femme Brigitte dans la maison familiale, une balle dans la tête. L’enquête qui a eu lieu a notamment mis en évidence le fait que la femme du médecin ne savait pas manier les armes. Ni qu’elle avait de comportement suicidaire. Ni qu’elle avait de poudre sur ses mains, contrairement à son mari.

Ces arguments avaient convaincu les tribunaux de condamner le docteur à 20 ans de prison à deux reprises en 2008 et 2010. Lors d’un troisième procès en 2013, alors que la thèse du suicide paraissait toujours peu vraisemblable, celle du meurtre parue elle aussi incertaine, ce qui conduisit le tribunal à relaxer le médecin.

Le Dr Muller envisage de contester la décision de la cour d’appel de Nancy.

Annulation de la condamnation de Christian Iacono

La cour de révision a décidé d’annuler la condamnation de Christian Iacono pour viol après les rétractations de son accusateur

En 2000, Christian Iacono, alors maire de Vence, une commune des Alpes-Maritimes située près de Nice, était accusé de viol sur son petit-fils Gabriel pendant la période 1996 et 1998. Au moment des faits, Gabriel avait entre cinq et huit ans et ses parents étaient en conflit avec son grand-père. Suite à cette accusation, Christian Iacono, radiologue retraité, était placé en détention préventive de 3 mois.

Commençait alors une bataille juridique qui allait durer une dizaine d’années. D’un côté, Christian Iacono a déclaré qu’il se battrait jusqu’au bout pour prouver qu’il est « la victime d’une machination en règle ». De l’autre côté, son petit-fils Gabriel, avec quelques autres personnes, dont ses parents, mettaient tout en œuvre pour le faire condamner.

  • Le petit-fils de Christian Iacono, qui l’avait accusé de viols, se rétracte !

Christian Iacono en 2014
Christian Iacono en 2014

En février 2011, Christian Iacono a été condamné définitivement à 9 ans de prison. Quelques semaines plus tard, son petit-fils Gabriel, alors âgé de 20 ans, l’innocente ! Il déclare avoir menti depuis la première accusation de son grand-père pour attirer l’attention sur lui et afin de réunir ses parents divorcés.

Il a également précisé que son mensonge a été confirmé par divers médecins. Néanmoins, en novembre 2011, Christian Iacono était renvoyé en prison. En avril 2012, soit 16 mois plus tard, il a bénéficié d’une remise en liberté grâce aux rétractations de Gabriel. Il était toutefois soumis à un contrôle judiciaire strict.

Le 18 février 2014, la cour de révision a finalement décidé d’annuler la condamnation de Christian Iacono. Il devra être rejugé pour cette affaire de viol. C’est un fait rare dans la juridiction française. Sur environ 150 condamnés qui saisissent la cour de révision chaque année, quelques personnes seulement bénéficient de l’annulation de sa condamnation. En 20 ans, seuls 45 condamnés parmi 3000, soit 1,5% des demandes. Marc Machin, Loïc Sécher ou Patrick Dils sont parmi les cas célèbres.

Cet épisode de la vie de Christian Iacono a perturbé sa vie, tant sur le plan personnel que sur le plan politique. Il a été par exemple battu aux élections municipales de 2001 à cause de sa mauvaise réputation. S’il a été réélu maire de la mairie de Vence et à la tête de la communauté urbaine de Nice en 2008, il a été forcé de démissionner.

Il a déclaré qu’il « ne peut pas condamner un enfant de 10 ans qui avec un mensonge a fait de 14 ans de sa vie un vrai calvaire ».